INTRODUCTION

L’humidité des parois est le principal ennemi des constructions anciennes, et est responsable de la plupart des dégradations des maçonneries en pierre ou en brique. Elle crée de l’inconfort, et est souvent la raison de l’utilisation de mauvais remèdes, qui accélèrent encore le vieillissement des édifices, et peuvent dénaturer leurs qualités architecturales.

Le principe des maçonneries à la chaux

Dans les constructions anciennes, les moellons de pierre et les briques sont assemblés avec un mortier composé de sable et de chaux, parfois de terre et d’argile. Les édifices sont reliés au sol naturel, dont l’humidité éventuelle remonte par capillarité au cœur des parois, et doit pouvoir s’échapper vers l’extérieur comme vers l’intérieur des bâtiments.

Des enduits intérieurs et extérieurs, composés de chaux et de sable, protègent les maçonneries des intempéries, tout en permettant les échanges hygrométriques avec l’air extérieur. Par dessus, des badigeons de chaux amélioraient parfois la protection, tout en garantissant eux aussi les échanges.

Ces dispositifs sont capables de résister pendant des siècles, si et seulement si on empêche l’humidité de stagner dans les maçonneries et de les dégrader prématurément.

Toutes les briques et les pierres, même les plus dures, et les mortiers de pose, sont en effet sensibles à l’humidité. Ils doivent pouvoir « respirer ».

Les constructions régulièrement suivies, sur lesquelles les interventions sont conduites dans les règles de l’art, ne nécessitent pas de travaux importants de restauration.

Cette façade d’une maison est restée dans son état du XIXe siècle. La toiture et les zingueries bien entretenues ont permis la conservation de la corniche en briques scellées au mortier de chaux, et de l’enduit d’origine composé de chaux et de sable.

Les façades en pierre et en brique

Les maçonneries en pierre ou en brique et leurs mortiers de chaux devront être protégés des eaux de ruissellement, par des toitures et zingueries régulièrement surveillées et entretenues, et par des enduits à la chaux et au sable. Les pierres et les briques d’encadrements, les corniches en pierre ou les génoises en terre cuite ne seront pas enduites ou recouvertes de peintures étanches

Les portes, fenêtres et lucarnes sont des points faibles, des lieux d’entrée possibles de l’eau dans les parois. Les joints entre murs et menuiseries seront étanches. Les appuis de fenêtres jouent un rôle dans l’éloignement des eaux du mur, ils seront au besoin recouverts de zinc.

Aucun revêtement étanche ne sera appliqué sur une maçonnerie ancienne, ni à l’intérieur ni à l’extérieur. Si l’on souhaite peindre une façade, on pourra réaliser un badigeon de chaux, ou utiliser une peinture minérale laissant respirer la paroi. On respectera alors les éventuels encadrements ou décors en pierre ou en brique, qui devront rester apparents. Si l’on doit peindre ces éléments, ce sera aussi avec un badigeon de chaux ou une peinture minérale.

Pierres abîmées suite à l’absence d’entretien des zingueries.
Après la pose d’un enduit au ciment, l’humidité dégrade les pierres du mur.
Dégradation d’un mur : l’humidité ressort au-dessus d’un soubassement cimenté.

On n’utilisera JAMAIS de ciment, ni en enduit, ni en réparations de manques ou de fissures, sur des murs anciens.

Les toitures

On entretiendra les couvertures, et notamment les faîtages, solins, souches de cheminées, et les zingueries (voir fiches sur les couvertures en tuiles ou en ardoise).

Les descentes d’eaux de pluie seront décollées des murs.

On évitera les gouttières et descentes en PVC, inadaptées au caractère des constructions anciennes.

Un badigeon de chaux ?

Vestiges d’un badigeon de chaux sur une villa du XIXe siècle.
Façade balnéaire badigeonnée à la chaux, respectant un décor en carreaux de terre cuite émaillée.

Un badigeon de chaux ?

  • On veillera, quand cela est possible, à ce que les niveaux extérieurs d’un bâtiment soient légèrement au-dessous des sols intérieurs.
  • On pensera à réaliser des drainages périphériques autour des habitations, et à ne pas rendre étanches leurs abords en les recouvrant de chapes ou de dallages au ciment. On éloignera les eaux de pluie des pieds de murs.
  • Les plantations extérieures ne devront pas créer d’amas de terre contre les bas de murs. Les plantes grimpantes sont un atout pour la qualité des façades, mais on évitera le lierre, dangereux pour les maçonneries anciennes.
  • On débarrassera régulièrement les gouttières et descentes d’eaux de pluie des feuilles mortes ou débris végétaux qui peuvent les encombrer.