INTRODUCTION

La presque totalité des murs anciens est constituée de moellons, pierres irrégulières liées par un mortier de chaux, de sable et de terre.
Ces structures, à la fois souples et durables, peuvent devenir fragiles quand elles sont mal entretenues ou qu’un désordre survient. Il convient donc de les protéger et de les réparer avec soin, et de confier ce travail à un artisan expérimenté.

La structure des murs en moellons

Qu’il s’agisse des maisons de bourg, des annexes agricoles, des maisons bourgeoises ou des villas balnéaires ou d’un simple mur de clôture, les maçonneries ont été édifiées jusqu’au début du XXe siècle avec la même technique. On élevait les parements extérieurs des murs, en moellons de pierre soigneusement empilés et liés entre eux par un mortier de chaux. On remplissait en même temps l’intérieur de la paroi avec un « tout-venant » constitué de pierres, mais aussi de déchets de taille, de morceaux de brique, de mortier, de gravier ou de terre.

Les faces extérieures n’étaient en général pas faites pour être vues, mais pour être protégées des intempéries par un enduit couvrant, composé de chaux et de sable. Seules certaines architectures laissaient apparentes des parties en moellons de pierre, comme des soubassements décoratifs en pierres irrégulièrement disposées, dits en opus incertum, ou des façades de quelques maisons montrant des jeux d’alternance de parties enduites ou non enduites.

On incluait dans ce dispositif les encadrements d’ouvertures en pierre ou en brique, les linteaux en pierre, en brique ou en bois, les arêtiers d’angle, les bandeaux de façade, eux aussi scellés avec le même mortier de chaux, pour que l’ensemble garde une cohérence structurelle.

Les moellons de pierre pouvaient provenir de carrières locales, des rochers de la côte, ou de la démolition d’édifices plus anciens. On trouve ainsi dans les murs des éléments de dimensions et de natures variées, dont l’hétérogénéité est compensée par le mortier de pose, et dont les variations d’aspect sont masquées par les enduits.

Maison rurale, à linteau en schiste, dont les murs en moellons devraient être réenduits.
Jeu d’alternances de brique, d’enduit et de moellons apparents sur une villa du XIXe siècle.
Clôture du XXe siècle avec moellons apparents, réguliers à l’angle, en opus incertum à droite.

Ne pas rendre la pierre apparente

Que ce soit par goût personnel ou recherche d’authenticité, on ne doit pas dégarnir les murs anciens de leurs enduits pour rendre la pierre apparente, car la plupart des constructions anciennes n’ont pas été prévues pour cela :

  • Les bâtisseurs d’autrefois ne travaillaient pas les parements de moellons pour qu’ils soient vus, mais avec le souhait de masquer les irrégularités et les fragilités éventuelles par un enduit extérieur couvrant, et le plus lisse possible.
  • La technique qui consiste à cerner en creux les joints des pierres donne aux murs un aspect « rustique » qui ne convient pas aux maisons de bourg, aux maisons bourgeoises ou villas balnéaires.
  • Les mortiers des murs anciens ne sont ni assez étanches, ni assez durs pour résister aux intempéries. À la longue, l’infiltration des eaux de pluie à l’intérieur les murs provoque la dégradation du liant, puis des fissures ou des affaissements.

Les murs montrent des techniques de maçonnerie variée, et des pierres de teintes et de couleurs changeantes. Mais on doit songer à leur pérennité, en ne laissant pas à découvert des pierres et leurs joints dégarnis, notamment en front de mer où les intempéries peuvent être agressives. Un entretien et une réfection avec des enduits à la chaux sont nécessaires.

Traiter les désordres

Quand un mur en moellons présente des désordres (lézardes, affaissements…), c’est le signe de problèmes structurels qui doivent être traités avec le plus grand soin. Seuls un artisan ou un maître d’œuvre compétent dans ce domaine peuvent faire un diagnostic des causes, et proposer des remèdes adaptés :

  • Si un mur présente des lézardes importantes, c’est que sa structure interne est affectée, par exemple à la suite d’infiltrations d’eau. Si le corps du mur a perdu tout ou partie de son mortier de chaux, de sable et de terre, des « coulis » de mortier liquide peuvent être réalisés, pour rendre à la paroi sa cohérence et sa solidité. Le ciment est à proscrire totalement.
  • Si un mur s’affaisse, il y a sans doute un problème de fondation, qui nécessitera alors une « reprise en sous-œuvre », c’est-à-dire un confortement en dessous du mur ou le long de la fondation.
  • Si un mur s’affaisse au-dessus d’un linteau de pierre, de brique ou de bois, c’est le linteau qui est à reprendre avant de réparer la maçonnerie de moellons.
À gauche, la maçonnerie apparente cernée par des joints creux ne correspond pas au style des maisons bourgeoises. Celle de droite enduite est fidèle au style de la maison.
Cet ancien bâtiment présente des manques et des lézardes qui nécessiteront une restauration adaptée à ses maçonneries de moellons et de mortier de chaux.

JAMAIS DE CIMENT !

La tentation est grande, pour remplacer des pierres manquantes ou faire disparaître une lézarde, de « réparer » avec du ciment. Ce procédé crée un point dur dans la maçonnerie, et peut masquer un désordre qui réapparaîtra plus loin. Il est impératif de dégarnir la zone atteinte, avec précaution, et de la restituer avec des moellons de pierre et un mortier maigre uniquement composé de chaux et de sable.