INTRODUCTION

Puisqu’elles prolongent les façades dans leurs proportions et dans leur style. Elles ont donc un intérêt patrimonial évident. Les « fenêtres de toit » sont le moyen moderne d’éclairer des combles habités.
Leur implantation doit se faire avec précaution, car leur impact visuel est réel.

De l’accès aux greniers à l’éclairement d’espaces habités

Dans les maisons anciennes de la campagne ou des bourgs, les combles étaient utilisés en espaces de stockage, et donc non éclairés. Leur accès se faisait par des baies ouvertes en pignon ou par des lucarnes munies de volets pleins. Seules les architectures de manoirs ou d’hôtels particuliers montraient des lucarnes munies de fenêtres, et dont l’architecture parfois ostentatoire signalait de loin le statut de leurs propriétaires.

L’architecture des maisons bourgeoises ou des villas, au XIXe siècle, a souvent pris pour référence ces architectures nobles, et a repris leurs hautes lucarnes en pierre, en bois ou en brique, pour éclairer des chambres et permettre des vues lointaines sur le paysage. Ces éléments de composition, alliés aux balcons, aux loggias ou aux auvents de toitures, participent pleinement à la définition de ces architectures. Ils enrichissent les volumétries générales. Ils renforcent la fantaisie et l’élégance qui caractérisent souvent l’architecture de villégiature ou ordonnancent les façades symétriques et rigoureuses des maisons bourgeoises de style néo-classique.

L’éclairement des combles se fait aujourd’hui par le percement de « fenêtres de toit », possibles même dans le cas de toitures à faible pente, et plus économiques que les lucarnes, mais qui n’offrent en général pas les mêmes qualités d’espace et de vue. Leur dimensionnement et le choix de leur implantation conditionnent la préservation des qualités architecturales des édifices concernés. Ces châssis de toit implantés dans la pente de la toiture sont préférables à la création de nouvelles lucarnes qui viennent contrarier les volumétries existantes et concurrencent celles existantes.
(Cf fiches projets n° 56 « Les surélévations – l’aménagement des combles »).

La lucarne existante sur une maison ancienne devra être conservée. En cas de besoin d’apport de lumière supplémentaire pour éclairer des combles, on préférera toujours les châssis de toit encastrés dans la toiture qui ne modifient pas la volumétrie générale de la maison.

Lucarne en pierre et brique prolongeant l’écriture architecturale de la façade.
Lucarne de type œil de bœuf.

Entretien et restauration des lucarnes anciennes

Les lucarnes sont souvent des dispositifs reproduisant en miniature les diverses techniques de construction qui ont permis la création de l’habitation qu’elles surmontent : ossature en pierre, en brique ou en bois, charpente, couverture en tuiles ou en ardoises, menuiseries de fenêtres, balcons éventuels en bois ou en ferronnerie. Leur entretien et leur restauration obéissent donc aux mêmes règles de l’art que pour le reste de l’habitation. On portera en outre un soin particulier à surveiller et à entretenir les endroits où l’étanchéité pourrait être défaillante : noues de toitures, couvertures, appuis de fenêtre, etc.

Lucarne monumentale à fronton décoré en pierre.
Lucarne à demi-croupe avec son garde-corps et ses modénatures de pierre et brique.
Lucarne en bois avec sa toiture rampante.

Entretien et restauration des menuiseries et garde-corps

La menuiserie et le garde-corps sont essentiels dans la lucarne. Une menuiserie inappropriée, un garde-corps trop épais peuvent amoindrir ce patrimoine.

La menuiserie :

  • En cas de remplacement de la menuiserie, on évitera les produits standardisés inadaptés à l’existant.
  • On proscrira les menuiseries PVC, les volets roulants qui dénaturent les lucarnes.
  • On préférera le bois comme matériau.
  • On prêtera une attention particulière aux sections et profils de la menuiserie.
  • On conservera les éléments de modénatures des encadrements de la lucarne sans les recouvrir d’un enduit ou d’une peinture étanche.
  • Lorsqu’elles sont en bois, un entretien régulier par l’application de peinture adaptée (laissant respirer le bois et évitant ainsi son pourrissement) des tableaux, des structures, des coyaux et lambrequins sera à faire tous les deux ans. Les pièces défectueuses pourront être remplacées à l’identique.
  • On préférera les volets repliables en fers pour occulter ces dernières.

Le garde-corps :

On prêtera une attention au traitement du garde-corps. Le garde-corps en fer reste le plus adapté. Fortement ajouré, il empêche le franchissement tout en permettant le passage de la lumière. Parfois et afin de répondre à des questions de sécurité, un garde-corps ancien pourra être surmonté d’une pièce en fer soudée sur l’existant. Le bois peut également servir de garde-corps, mais on prêtera une attention aux sections qui devront être les plus fines possible n’occultant pas la lumière à l’intérieur de la pièce.

Recommandations :

L’ajout de lucarne dans la couverture pour éclairer des combles n’est pas la solution car :

  • Elle casse la volumétrie existante de la maison ancienne qui possède déjà sa propre logique.
  • Elle amoindrit par sa présence celle ancienne déjà présente dans la couverture.
  • La plupart du temps, l’édification d’une nouvelle lucarne appauvrit la valeur patrimoniale de la maison. La disparition d’un savoir-faire empêche la réalisation de lucarne de qualité.
  • On préférera restaurer dans les règles de l’art celle(s) existantes.
  • On évitera l’édification de lucarnes « aux proportions allongées » communément appelées « chien-assis » dont les proportions ne correspondent pas aux maisons anciennes.
  • Pour éclairer les combles, on préférera les « fenêtres de toit ». Elles sont le moyen moderne d’éclairer des combles habités.

Création de « fenêtres de toit »

Les « fenêtres de toit » ou « châssis de toit » (de marque Velux ou autre) peuvent s’intégrer dans toutes les toitures, sachant que ce type d’ouverture est plus discret dans les toitures en ardoise que dans celles en tuiles.

Il existe des modèles encastrés dans le plan de la couverture, qui s’intègrent mieux, et des modèles inspirés des anciennes tabatières, de qualité architecturale supérieure aux modèles courants.

On préférera les châssis de taille modeste et aux proportions verticales, que l’on implantera plutôt en partie basse des pans de toiture, afin qu’ils soient plus discrets et permettent des vues vers l’extérieur. On choisira les pans de toiture les moins visibles, et on implantera les fenêtres de toit dans l’axe des ouvertures du niveau inférieur, comme on le ferait pour des lucarnes.

Chassis de toit encastré sur le modèle des anciennes tabatières (marque Velux).
Chassis de toit encastré sur le modèle des anciennes tabatières (marque Cast-PMR).
Bel auvent de toiture sur une lucarne avec dispositif en brique, bois peints, lambrequins et cache-store de style Art Nouveau en bois découpés.

Des exemples à proscrire....

L’écriture de type chien-assis comme lucarne est inappropriée au patrimoine. Elle modifie la volumétrie et alourdit la composition.
L’égout du toit au niveau de la lucarne a été surmonté d’un deuxième égout. Cette disposition affecte la composition.
Le PVC de la fenêtre n’est pas compatible avec la lucarne en bois. De plus, l’écriture de faux petit bois amoindrit le caractère de ce patrimoine.
Cette lucarne fronton est affectée par la pose d’une menuiserie standardisée inadaptée au percement initial.
Le volet roulant PVC blanc ignore le caractère patrimonial de cette lucarne fronton.
Le garde-corps en bois, qui vient doubler celui existant en fer, occulte la fenêtre.

Des exemples à suivre....

Une barre en bois fait office de garde-corps. L’écriture de la fenêtre de cette lucarne épouse parfaitement l’ouverture.
Le traitement de ces fenêtres juxtaposées les unes sur les autres répond à l’apport de lumière de manière contemporaine.
Cette lucarne ancienne a conservé son garde-corps ancien. Des volets repliables sont préférables à des volets roulants.
Une écriture simple, de fenêtre en bois avec ses petits bois.
Fenêtres ou lucarnes frontons de style Art déco, ils existent des styles très différents d’écriture architecturale de la lucarne.
La fenêtre de la lucarne épouse parfaitement les contours de l’ouverture. La couleur bleu foncé par contraste met en valeur le percement.
La couleur bordeaux crée un effet d’ensemble avec la fenêtre et les boiseries composant la lucarne.
La couleur et le traitement des menuiseries en bois unifient les percements de cette chaumière.
L’écriture de la cette lucarne gerbière avec son remplissage bois pour l’allège du percement permet la protection contre le franchissement.