INTRODUCTION

Les chaumières dans le département de la Loire Atlantique se trouvent principalement dans le marais de Brière. Cette zone correspond à la plus forte concentration de chaumière en France. Or, ce paysage constitué essentiellement de zones humides est aujourd’hui peu entretenu du fait de l’abandon des activités traditionnelles liées à l’extraction du jonc qui permettait l’entretien des marais.

Marais de Brière.

Les chaumières en Brière, une histoire ancienne

Le marais de la Brière est une propriété indivis des habitants des 21 communes l’entourant. Ce droit de jouissance des Briérons sur leur marais a été acquis en 1492 par écrit dans les lettres patentes par la duchesse Anne de Bretagne.

Les chaumières, patrimoine culturel de la Brière, représentent un témoignage des activités anciennes. Aujourd’hui, la coupe des roselières et la pratique du tourbage et de l’élevage qui permettaient autrefois d’entretenir les marais et de couvrir les chaumières, ont pratiquement disparu. Du coup, les roselières prolifèrent et font régresser les surfaces en eau. Aujourd’hui, entretenir les marais et restaurer les chaumières de Brière, c’est maintenir un équilibre écologique et paysager pour toute cette zone.

Les chaumières ont longtemps souffert d’une image négative. Elles étaient synonymes de pauvreté et de vétusté. Cet habitat était celui des pauvres. Les couvertures en chaume des maisons ont peu à peu disparu des paysages par peur des incendies. Elles ont été progressivement remplacées par des couvertures en ardoise ou en tuile.

Pourtant, le chaume possède de très nombreuses qualités. Matériau naturel et écologique, il est un très bon isolant thermique. En effet, l’air, isolant par excellence, est emprisonné sous l’empilement des roseaux. De plus, la couverture en chaume a une durée de vie assez longue d’environ 30 ou 40 ans.

Longue et étroite, la chaumière est constituée de murs en moellons de granit enduit. La forte pente de toit (50 à 55°) recouverte de chaume lui confère cette silhouette si particulière. L’organisation spatiale en hameau circulaire des chaumières à l’intérieur du marais est très caractéristique. Cette organisation spécifique constitue également un patrimoine. On retrouve des ensembles cohérents notamment dans les villages de Kerhinet à Saint-Lyphard ou celui de Kerbourg à Saint-Joachim.

Chaumières implantées perpendiculairement à la voie circulaire.

Aujourd’hui symbole d’un territoire, la chaumière à une valeur touristique indéniable.

La technique du chaume dans la rénovation

Bottes de roseau entreposées sur le sol.
Le travail d’un chaumier sur la couverture d’une chaumière à Kerhinet
Détail de la couverture au-dessus des lucarnes.

Recommandations :

Nous traiterons ici des techniques de rénovation des couvertures en chaume. Ces informations sont extraites de – « Le chaume… – une peau d’ours que l’on vient déposer sur une maison en pierre. » par Thierry Renard, artisan couvreur spécialiste de la Chaume à La Chapelle des Marais.

Afin de rénover une couverture en chaume, il n’est pas toujours nécessaire de découvrir la totalité du vieux roseau. On peut sous certaines conditions, remettre une surcouche par dessus l’ancien roseau ;

Deux techniques différentes de pose existent :

  • Par bouchonnage, des petites bottes de roseau déjà façonnées selon la pente du toit. Cette technique nécessite le rajout de 33 cm sur l’ancienne couverture. Chaque botte transformée en bouchon sera posée selon la technique de pose à la poignée dont la fixation se fera à l’aide d’un piquet en bois qui sera enfoncé dans l’ancienne couverture.   
    Cette technique se fera en démarrant du bas toit et montera jusqu’au sommet par bandes verticales d’environ 60 cm, soit trois bottes : cela s’appelle une passée.
    Un outil, la palette sert à mélanger le roseau aux autres bottes et lui donne son aspect uniforme du toit. Ce travail permet également de définir la pente, l’épaisseur et la régularité du toit.
    Aujourd’hui, sur la grandeur de la botte, une moyenne de 4 attaches par bouchon est nécessaire. Une fois la passée terminée, elle est retapée et rasée avec un taille-haie thermique pour une finition impeccable.
  • Soit à la barre, par dessus de l’ancienne couverture débarrassée de la couche superficielle dégradée. Cette technique permet d’éviter les frais de couverture et de bâchage.
    Il faudra nettoyer par grattage les éléments humides de la couverture et ne laisser apparent que du roseau sain. L’épaisseur restante doit être supérieure à 10 cm avec des fixations en bon état.
    La charpente ne doit pas présenter de points de dégradation ou de faiblesse.
    Souvent les liteaux du faîtage et des pieds de cheminée devront être remplacés.
    La couverture doit avoir une bonne densité pour éviter que l’eau s’infiltre… On considère que la toiture ne se dégrade presque pas pendant les dix premières années. Ensuite l’épaisseur « fond » d’un cm par an.

Les faîtages

La tradition des faîtages en Brière est de disposer des pellettes de gazon en périphérie, de combler le milieu par de la terre et d’y planter des plantes grasses. Les faîtages « naturels », qu’ils soient faits en torchis, pellettes de gazon ou sédum, vieillissent parfaitement bien avec le matériau naturel qu’est le roseau.

On proscrira les mortiers pour les faîtages qui finissent par fissurer ou se casser. Il transfère la chaleur et va cuire le roseau et du coup le rendre friable. Il crée des trous entre ces deux matériaux : le roseau qui a fondu et le mortier qui a gardé sa forme originelle.

L’entretien

La durée de vie d’un toit de chaume est d’environ 30 à 40 ans. Quand le toit atteint une quinzaine d’années, la visite d’un professionnel est recommandée afin qu’il vérifie la couverture (trous d’oiseau, de fouine, étanchéité des faîtages et des cheminées…). Des parties plus fragiles comme les noues, dessous de lucarnes ou de cheminées, mais également celles exposées au vent comme les rives et les arêtiers seront vérifiés. On enlèvera les mousses qui empêchent l’écoulement des eaux. Ne pas laisser les arbres envahir trop l’espace proche de la toiture. Le toit de chaume a besoin de soleil et d’une bonne ventilation pour sécher. Lorsque des branches frottent ou sont au-dessus du toit, elles rapportent de l’humidité, des mousses et diminuent la circulation d’air.

Ces informations sont extraites de :
« Le chaume… – une peau d’ours que l’on vient déposer sur une maison en pierre. »
par Thierry Renard, artisan couvreur spécialiste de la Chaume à La Chapelle des Marais.

Détail d’un pignon traité en planches de bois.